Ma diva

Ma diva approche des quatre ans. Du haut de ses quarante sept mois, il veut et exige l’accomplissement de ses désirs dans les quinze secondes qui suivent leur expression. Qu’importe si ceux-ci  changent toutes les deux secondes. Si je manque à mes devoirs, le drama king s’insurge, crie, se roule à terre, tape ce qui passe à proximité et incarne l’espace d’un instant l’enfant le plus malheureux du monde. Je n’ai qu’à lire dans ses pensées après tout, c’est moi la mère, le phare dans la tempête.

Ses caprices de stars m’épuisent. Il hurle parce qu’il ne veut pas aller à l’école en se levant. Si on l’informe que ça tombe bien, on est dimanche, il se déchaîne : il veut aller à l’école maintenant! Le recours à la raison est vain, il explose, son génie est incompris. Je me calque sur lui, crie, puni et tape du pied. Ça ne fonctionne pas davantage. Il s’oppose, cherche la petite bête, bouscule le conformisme, c’est un artiste qui dérange.

Comme Picasso avait sa période bleue, il a eu sa période short. Refusant obstinément d’enfiler autre chose, exhibant le galbe de son mollet. Et tant pis pour les piqures de moustiques, tant pis pour les genoux écorchés pas le macadam et pour la fraicheur automnale. Quand de force nous lui enfilions un pantalon, il le remontait jusqu’au genou. Et même si le mollet devenait bleu par le garrot improvisé. Et même s’il fallait s’arrêter au milieu de la route pour remonter le tissu qui glissait. Dieu merci, voilà deux semaines que la mode semble être passée.

Comme Klein a eu sa période bleue, il est dans sa période Mickey. Ainsi depuis plusieurs mois, il trimballe partout les petites figurines Duplo de la souris et ses amis. Au parc, chez Mamie, dans le bain…Il rejoue avec eux son quotidien et met en scène son imaginaire. Ainsi Dingo est souvent au travail puisque ‘toi tu es Dingo‘ a-t-il affirmé à son père. On ne rit pas, dans l’histoire, je suis Donald et son frère Pluto. Actuellement tout le monde veut tuer tout le monde mais je me garderais bien de toute interprétation psychanalytique, l’art ne s’analyse pas, il se ressent.

Reste qu’au cœur de l’ouragan, se niche sensibilité, attention et générosité. Il est celui de la maison qui remarque mon passage chez le coiffeur ou ma nouvelle paire de boucles d’oreilles. Il est celui qui s’émerveille dans la rue devant une fleur et s’illumine quand je ramène un bouquet. Il est le seul homme de la maison à avoir compris le concept du panier à linge. Il est celui qui un jour a laissé tomber un bonbon de sa main, pour m’aider à ramasser un bijou que j’avais perdu. Il est celui qui me bouleverse et me surprend par sa bonté et sa maturité. En mode groupie. Alors parfois avec son père, on se dit qu’il est vraiment le meilleur d’entre nous.

13 réflexions sur “Ma diva

    • En même temps, le caractère c’est de famille. Mais c’est vrai qu’en ce moment c’est compliqué. Je me rends compte que j’appréhende certains moments, celui où je lui impose des contraintes en sommes, car je sais que ça ira au conflit. Dans une demi heure, on doit retourner à l’école, je sais d’ores et déjà qu’il finira par terre en pleurnichant (et qu’on ne me dise pas que c’est parce que je le redoute que je fini par provoquer la situation).

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    • Heureusement qu’il y a les moments cool pour pondérer.
      Mais je trouve ça très difficile pour mes nerfs à moi. Même si je reste calme un temps, au bout de la dixième crise je fini aussi par m’énerver (surtout qu’il a un petit frère en début de phase d’opposition). Franchement ça bouffe vraiment l’énergie. en plus pour toi qui fait l’instruction à domicile, ça doit être parfois compliqué. Parce que j’ai l’impression de souffler quand il va à l’école (même si je pense aussi que l’école n’y est pas pour rien dans son état de tension et de fatigue).

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  1. Ce n’est pas tous les jours facile d’être parents et d’accompagner au mieux nos enfants. Pas facile non plus pour eux de grandir et de s’affirmer. Mais qu’est ce qu’on les aime avec leur sensibilité et leur insouciance. Un mélange complexe qui nous perturbe.
    Même situation ici certains jours.

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  2. Pingback: C’est la guerre | Câlin & Risette

  3. Olala que ça me rassure cet article, ici on approche des 4 ans, et chaque jour je découvre un nouveau prétexte à crise… qui se conclu souvent par « oui j’étais fou de rage maman » …
    J’ai découvert ton blog ce soir, via l’instagram de ne le dites à personne et vraiment jolie plume, j’adore!

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